Nos vêtements, source majeure de la pollution plastique des océans
Dans le Pacifique Nord, une gigantesque masse de plastiques de plus de 1,6 million de km² forme ce qu’on appelle le « 7e continent ». S’il existe d’autres vortex de déchets dans les eaux du globe, celui-ci est le plus gros avec 80 000 tonnes de détritus et de microparticules. La cause de ce désastre écologique ? Nos résidus de polluants terrestres, au premier rang desquels… les habits que nous portons ! D’après une étude, les microplastiques dans le textile constituent plus d’un tiers des rejets dans les océans. Quelle est l’origine de ces minuscules particules ? Pourquoi les retrouve-t-on autant dans les vêtements synthétiques, notamment les similis ? Quels dangers représentent-elles pour l’environnement, et comment y faire face ?
Microplastiques dans le textile : de quoi parle-t-on ?
C’est quoi un microplastique ?
Tout le monde connaît le plastique, sans toujours savoir à quoi cela correspond précisément. Il s’agit d’un type de matériau, en général pétrosourcé, c’est-à-dire obtenu à partir de pétrole. Des polymères synthétiques (créés par l’humain et qui n’existent pas à l’état naturel) sont mélangés à des additifs (plastifiants, colorants, etc.) pour fabriquer des « matières plastiques ». En effet, celles-ci revêtent différentes formes et caractéristiques comme :
- le PET (polytéréphtalate d’éthylène) qu’on retrouve dans les bouteilles ou les emballages jetables ;
- le PEBD (polyéthylène basse densité) dans les sacs plastiques ou le film alimentaire ;
- le PS (polystyrène) qui compose par exemple les pots de yaourt et les stylos ;
- etc.
Par microplastiques, on désigne de minuscules morceaux dont la taille est comprise entre quelques centaines de nanomètres et cinq millimètres. On distingue les microplastiques « primaires » des « secondaires » :
- Les secondaires proviennent de la fragmentation d’objets plus gros (sacs jetables, filets de pêche, etc.) après une exposition au soleil ou aux intempéries, ou suite à une immersion prolongée.
- Les primaires quant à eux englobent les petites particules rejetées sous leur forme initiale dans l’environnement. Ils résultent par exemple du frottement des pneus des véhicules, des microbilles dans les cosmétiques et – surtout – du lavage des vêtements synthétiques.
Les vêtements en simili : faux cuir, vraie pollution
Plus d’un tiers des rejets de microplastiques primaires proviennent en effet des textiles synthétiques. On trouve parmi eux le polyester, fibre légère et bon marché fabriquée à partir du pétrole, mais également l’acrylique ou le nylon.
Le « simili cuir », dont la dénomination pose des problèmes de sémantique, est lui aussi souvent issu de la pétrochimie. Il est parfois confondu avec le « cuir à tannage végétal » qui correspond à une peau animale traitée avec des tanins végétaux, plutôt que du chrome. Le simili quant à lui ne contient pas de matière animale. Il regroupe l’ensemble des matériaux souples artificiels dont les propriétés, l’aspect et les usages se rapprochent du cuir ; mais il ne peut être qualifié comme tel.
Cette alternative au cuir désigne le plus souvent :
- le PU (polyuréthane), obtenu en recouvrant un textile – coton, nylon ou polyester – de couches de polyuréthane (produits chimiques plastiques et pétrosourcés) ;
- le PVC (chlorure de polyvinyle), moins cher, mais plus nocif du fait de ses phtalates ajoutés pour la douceur et la flexibilité.
On retrouve le simili dans de très nombreux usages :
- vêtements, chaussures et accessoires (chapeaux, ceintures, etc.) ;
- maroquinerie (sacs, portefeuilles, etc.) ;
- ameublement (fauteuils, canapés, etc.) ;
- industrie automobile (revêtement des sièges, du volant) ;
- mais aussi dans le secteur médical, certains sports, etc.
Or, ces matières se dégradent et se décomposent en microparticules très polluantes. Les microplastiques dans le textile représentent dès lors une dangereuse source de contamination, notamment pour les milieux marins.
L’impact de l’industrie textile sur l’environnement : des microparticules toxiques pour les écosystèmes
Le 7e continent, une « soupe de plastique »
Les microplastiques mesurent de quelques nanomètres à cinq millimètres : c’est jusqu’à 70 fois moins qu’un cheveu ! De ce fait, après une lessive, ils résistent aux usines de traitement, se retrouvent dans les égouts, puis les cours d’eau… et finissent au centre des océans. Une étude publiée en avril 2023 par 5 ONG montre qu’un seul passage au lave-linge peut libérer des millions de résidus plastiques dans la nature.
« Jour après jour, je ne voyais pas de dauphins, pas de baleines, pas de poissons, je ne voyais que du plastique. »
Charles Moore, cité par M. Terracol dans Géo.fr du 22/10/2022
C’est l’explorateur Charles Moore qui, en 1997, a découvert la première plaque de déchets du « 7e continent » (on retrouve aussi parfois la dénomination « 6e continent »). Outre le Pacifique Nord, autres bassins océaniques s’avèrent concernés (Pacifique Sud, Atlantique Nord et Sud, océan Indien).
Les vortex formés par les courants marins et la rotation terrestre constituent des gyres ; sous l’effet de la force centripète, ces tourbillons accumulent les détritus flottants, de la surface jusqu’à 30 m de profondeur. 80 % de ces débris proviennent des terres, et l’arrivée des microplastiques aggrave cette pollution.
Les nanoplastiques, fléau pour la faune et la flore
On estime à 30 millions de tonnes par an les rejets de plastique dans les océans, et le nombre de particules fines a été multiplié par 100 en 40 ans. Or, les micro-organismes qui détruisaient jusque-là certains débris ne sont pas aussi efficaces sur ce matériau.
Dans une étude de 2021, le WWF relevait des microfragments dans 386 espèces de poissons. Les effets sont néfastes pour toute cette faune, y compris les oiseaux et mammifères marins : intoxications, empoisonnements, occlusions intestinales, suffocations, noyades. Greenpeace estime que près de 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères en meurent chaque année.
En outre, ce n’est pas la seule menace de ces résidus pour la biodiversité :
- Les microplastiques jouent un rôle de polluants chimiques. Ce sont en effet des éponges à métaux lourds, à phtalates, ou à certains pesticides. De plus, ils sont porteurs d’additifs et relâchent ces substances toxiques en se dégradant. Si les conséquences pour la santé humaine font débat, cela affecte les autres organismes vivants dans les eaux du globe.
- Ces micropolluants favorisent la prolifération d’espèces invasives parmi lesquelles l’Halobates sericeus (une araignée d’eau) qui se sert des vortex de plastique comme incubateur pour ses œufs. Cela déséquilibre les écosystèmes (zooplancton, œufs de poisson, etc.).
Ce constat est alarmant et le CNRS de Toulouse rappelle l’urgence d’agir. En effet, les chercheurs ont établi un modèle compréhensif du cycle de vie des microplastiques, qui montre qu’ils mettent des centaines d’années à se dégrader.
Face à la pollution du secteur de l’habillement : une approche durable et sans plastique
Il est primordial d’agir en amont, et cela passe notamment par la problématique des microplastiques dans le textile.
L’urgente nécessité de repenser sa consommation de vêtements synthétiques
🔸Une partie de la population se tourne vers les vêtements en simili pour ne plus acheter de cuir. Comme nous l’avons vu, c’est pourtant une source majeure de plastique même si beaucoup l’ignorent. Il faut reconsidérer le rapport à la fast fashion. Mais il est également essentiel de sensibiliser les consommateurs et l’industrie de la mode aux dégâts des microplastiques.
🔸Les conditions de lavage en machine constituent un autre levier d’action. L’ONG STOP ! Micro Waste donne quelques pistes :
- réduire la température de lavage ;
- laver moins souvent ;
- remplir le tambour de la machine à laver ;
- ne pas utiliser de sèche-linge ;
- privilégier des programmes courts ;
- etc.
Par ailleurs, la France est le premier pays à avoir imposé des filtres à microplastiques dans les lave-linges neufs, dès 2025.
Ces initiatives ne sont néanmoins pas suffisantes face à l’ampleur du phénomène de pollution par l’industrie textile. C’est pourquoi, à La Tannerie Végétale, nous avons consacré les sept dernières années à trouver une réelle alternative durable au cuir et aux similis.
L’innovation de La Tannerie Végétale : PHyli®, une matière biodégradable, recyclable et garantie 0 plastique
Il existe aujourd’hui un certain nombre d’alternatives au cuir, avec une volonté d’écoconception moins polluante que les similis de type PVC ou PU. La plupart sont issues de végétaux, comme la pulpe ou la fibre de fruits : raisin pour le Vegea®, pomme pour l’AppleSkin®, ananas pour le Piñatex®, mangue et nectarine pour Fruitleather Rotterdam®, etc. On trouve aussi des matériaux souples à base de liège ou de mycélium (partie végétative des champignons).
Bien que plus écologiques, ces différentes options textiles ne sont pas exemptes d’inconvénient :
- Leur bilan carbone n’est pas optimal (lieu de production de leurs matières premières).
- Leur confection peut impliquer l’utilisation de PU ou autres plastiques, même en plus faible proportion, ce qui ne leur permet pas d’être biodégradables.
- Les couches multiples ne peuvent pas être recyclées.
Face à ce constat, La Tannerie Végétale a cherché une solution profondément durable. Pour accompagner les maisons de luxe dans leur stratégie RSE, nous avons développé PHyli®. Mélange de protéines végétales, de tanins et d’additifs naturels, ce matériau biosourcé est l’aboutissement de nombreuses recherches et de 450 tests de formules. Il est à ce jour la seule alternative végane au cuir qui soit :
- 100 % végétale (0 plastique !) ;
- recyclable ;
- biodégradable ;
- à faible empreinte carbone, et avec 0 eau dans la fabrication ;
- made in France et industrialisable ;
- cruelty-free ;
- de haute qualité et design.
La pollution plastique est un fléau. C’est pourquoi l’industrie de la mode et du luxe doit s’emparer du problème des microplastiques dans le textile, et engager une transition environnementale durable. La Tannerie Végétale est fière de pouvoir en être un partenaire clé avec PHyli®, dont la commercialisation débutera en fin d’année 2023. Loin du greenwashing notre promesse était d’allier l’écologie et l’éthique à la noblesse de notre produit. Et nous avons réussi.
👉Vous voulez plus d’informations sur ce matériau unique au monde ? Contactez-nous ou inscrivez-vous pour recevoir nos actualités.
Ce qu’il faut retenir
➡️ Qu’est-ce qu’un microplastique ?
C’est un morceau de plastique (matériau souvent issu du pétrole), qui mesure de quelques centaines de nanomètres à cinq millimètres.
➡️ Où trouve-t-on des microplastiques ?
Aujourd’hui le plastique est partout : sacs plastiques, vaisselle jetable, film alimentaire, emballages, etc. Le microplastique provient soit de la fragmentation de plus gros débris, soit il existe en l’état comme dans les cosmétiques (paillettes, microbilles, etc.).
➡️ Y a-t-il des microplastiques dans les vêtements ?
Oui ! Vos habits en matières synthétiques en sont une source majeure : c’est le cas du polyester, du nylon, de l’acrylique, mais aussi d’alternatives au cuir comme les similis.
➡️ Quels sont les dangers des microplastiques ?
Le plastique est très polluant, et les microparticules s’accumulent notamment dans les milieux marins. Les écosystèmes sont déréglés et de nombreuses espèces sont en danger : Greenpeace estime que près de 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères meurent de leur ingestion chaque année.
➡️ Quel est l’impact de l’industrie textile sur l’environnement ?
35 % des rejets de microplastiques primaires dans l’océan proviennent des fibres synthétiques. Nos vêtements polluent et jouent un grand rôle dans la formation du 7e continent de plastique.
➡️ Comment lutter contre la pollution textile ?
Il est urgent de reconsidérer la consommation de matières synthétiques. L’industrie de la mode doit également s’engager dans une transition environnementale et se tourner vers des matériaux durables. C’est le cas de PHyli®, l’innovation mise au point par La Tannerie Végétale.
Sources :
– AFP. La pollution plastique a atteint « toutes les parties des océans » alerte le WWF. Le Monde.fr [en ligne], 08/02/2022. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/08/la-pollution-plastique-a-atteint-toutes-les-parties-des-oceans-alerte-le-wwf_6112728_3244.html
– AFP. L’UE veut démoder la « fast fashion » en renforçant le recyclage des textiles. Fashion Network [en ligne], 30/03/2022. Disponible sur : https://fr.fashionnetwork.com/news/L-ue-veut-demoder-la-fast-fashion-en-renforcant-le-recyclage-des-textiles,1392502.html (consulté le 27/04/2023)
– Anses. Les microplastiques, un risque pour l’environnement et la santé [en ligne], 23/10/2020. Disponible sur : https://www.anses.fr/fr/content/les-microplastiques-un-risque-pour-l%E2%80%99environnement-et-la-sant%C3%A9 (consulté le 20/04/2023)
– CNRS. Vers une compréhension du cycle global des microplastiques dans l’environnement. Résultat scientifique océan atmosphère surfaces continentales [en ligne], 03/01/2023. Disponible sur : https://www.insu.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/vers-une-comprehension-du-cycle-global-des-microplastiques-dans-lenvironnement (consulté le 26/04/2023)
– MESBAH, Marion. Simili cuir. Marques de France [en ligne], 13/03/2023. Disponible sur : https://www.marques-de-france.fr/definition/simili-cuir/ (consulté le 27/04/2023)
– TERRACOL, Maxime. Continent de plastique : qu’est-ce que le vortex de déchets du Pacifique nord ? Géo.fr [en ligne], 22/10/2022. Disponible sur : https://www.geo.fr/environnement/definition-vortex-ou-tourbillon-de-dechets-du-pacifique-nord-great-pacific-garbage-patch-124624 (consulté le 26/04/2023)